Helly GBENE : "L’Afrique doit refuser les stratégies PowerPoint et embrasser la culture du chantier, du pilotage et du résultat ''

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 L’Afrique clame enfin sa souveraineté à travers l’Agenda 2063 et une série de stratégies dites "de l’Afrique pour l’Afrique". Un discours ambitieux, afro-centré et enthousiasmant. Mais derrière la bannière se cache un paradoxe : la vision est là, mais la mise en œuvre chancelle, gangrenée par les mêmes maux chroniques – dépendance externe, fragmentation et instabilité. A travers cette tribune, Helly GBENE - Stratège, CEO Cabinet IFC-Togo & expert en gestion, finance et projets, invite le continent à passer du rêve au chantier et ce, en misant sur des solutions concrètes et des projets structurants

L’Afrique clame enfin sa souveraineté à travers l’Agenda 2063 et une série de stratégies dites "de l’Afrique pour l’Afrique". Un discours ambitieux, afro-centré et enthousiasmant. Mais derrière la bannière se cache un paradoxe : la vision est là, mais la mise en œuvre chancelle, gangrenée par les mêmes maux chroniques – dépendance externe, fragmentation et instabilité.  Il est temps de passer du rêve au chantier.

 

L’Afrique n’a pas besoin d’une autre vision, elle a besoin d’un plan de bataille structuré, de projets bancables et d’élites courageuses prêtes à trancher dans le dur.

 

Une stratégie... sans tranchant ?

 

L’Agenda 2063 est sans conteste le plus noble projet continental du XXIe siècle. Sur le papier, c’est une partition brillante : industrialisation, souveraineté, digitalisation, paix, jeunesse, intégration… Tout y est.

Mais entre le texte et l’action, un monde.

 

Les faiblesses structurelles du système :

 

Dépendance aux bailleurs étrangers pour financer des stratégies dites souveraines : contradiction majeure.

 

Manque de cohérence régionale : 55 États, 8 communautés économiques, trop peu d’alignement.

 

Lenteur bureaucratique : entre volonté politique et exécution technique, l’écart reste abyssal.

 

Faible ancrage local : les populations, les jeunes, les femmes sont peu impliqués dans les décisions.

 

Faibles indicateurs de suivi : impossible d’évaluer ce qui n’est pas mesuré.

 

L’Afrique n’a pas un problème de vision, elle a un problème de concrétisation

 

Les idées brillent. Les plans sont beaux. Mais où sont les projets transformateurs concrets à l’échelle continentale ?

 

Ce qu’il manque, ce ne sont pas les stratégies, mais : des projets moteurs transversaux ;

des élites courageuses qui osent rompre avec les modèles d’assistanat ; une plateforme continentale de pilotage puissante, indépendante, dotée de moyens.

 

Solutions concrètes & projets structurants

 

Voici 5 projets puissants à lancer immédiatement, au-delà des discours :

 

1. AFRICOIN – Une crypto-mon­naie panafricaine de compensation

 

 Objectif : Réduire la dépendance au dollar et à l’euro dans les échanges intra-africains.

Partenaires : banques centrales régionales, UA, fintechs africaines.

 

2. PANAF GREEN GRID – Réseau électrique panafricain interconnecté

 

Créer une super-grid vert pour connecter les pays à fort potentiel solaire aux zones en déficit.

Financement : banques africaines, capital privé, fonds climat.

 

3. SOVEREIGN TECH FUND – Fonds africain de souveraineté numérique

 

Financer IA, cybersécurité, data centers, cloud africain.

Gouvernance : UA + secteur privé technologique africain.

 

4. AFRICA BUILDERS PROGRAM – Corps continental d’ingénieurs et jeunes bâtisseurs

 

Inspiré du Peace Corps, dédié aux infrastructures, à l’agriculture, au digital.

Cible : 1 million de jeunes formés en 10 ans.

 

5. ÉCOLES PANAFRICAINES D’ÉLITES PUBLIQUES

 

Former une nouvelle génération de hauts fonctionnaires et stratèges panafricains.

Partenaire : AfDB + CAMES + Académies militaires et civiles du continent.

 

Ce qu’il faut retenir

 

La vraie menace, ce n’est pas le retard technologique ou la dette, c’est le confort du rêve vide.

 

L’Afrique doit refuser la stratégie PowerPoint et embrasser la culture du chantier, du pilotage, du résultat.

 

 "Moins de slogans, plus de levées de fonds. Moins de visions, plus de béton, de kilowatts et de serveurs.”

 

Appel aux décideurs

 

Aux chefs d’État : soyez stratèges, pas gestionnaires du statu quo.

 

Aux élites africaines : sortez du confort intellectuel, investissez dans des projets réels.

 

À la jeunesse : reprenez la parole. Cette Afrique-là est vôtre.

 

L’Afrique pour l’Afrique ? Oui. Mais pas seulement sur le papier. Sur le terrain. Maintenant.

 

 Par : Helly GBENE – Stratège, CEO Cabinet IFC-Togo & expert en gestion, finance et projets


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